[Loïs/...] Le fils d'Eléna

Avril 2597.


Le soleil brûlant irradiait ma peau, longeant les murs pour utiliser le peu d'ombre qu'il nous laissait à midi je songeais à ce que venais de me dire Eléna.

Ce sont des graves accusation qu'elle porte et ses soupçons paraissent totalement aberrants. Cependant c'est une des seules anabaptistes qui me considère encore depuis "l'incident", je lui doit bien un faveur. Mais pour vérifier ses dires il me faut trouver quelqu’un qui connaisse mieux que moi le monde de la nuit. Peut être ce colosse là bas mais il à l'air très occupé à crier sur son camarade, je ferais mieux de le laisser tranquille.
Tout en traversant les zones autonomes de Justicienne pour rentrer chez moi, je continuais à dévisager les passant en espérant capter l'attention d'un curieux qui pourrait me renseigner.

Pas de mission, plus de rapport. Plus de weed non plus. La journée s'annonçait longue. C'était certainement pas les rondes dans les quartiers qui allaient lui tenir l'esprit occupé. Sans parler qu'à chaque fois qu'il mettait les pieds dans un endroit où il n'était pas désiré, il manquait de se faire casser la gueule. Ca valait aussi s'il croisait les gens à qui il devait du fric. A force, il ne savait d'ailleurs plus à qui il en devait.
Bon.
La journée était pas complètement pourrie. Ce matin en se levant il avait trouvé une bouteille de tord-boyau du Godet encore à moitié pleine au milieu de son fatras. Il ne s'est même pas demandé comment elle avait atterri là. Il n'en avait plus aucun souvenir mais ca n'avait aucune importance.
Ricky était habitué à la gueule de bois et à ses trous de mémoire. L'un allait rarement sans l'autre. Au moins, il avait son petit déjeuner d'assuré.
Quand Loïs le croisa dans la rue, il tenait encore debout. Il ne sentait pas trop l'alcool non plus et cette demie-bouteille n'avait pas suffit à le rendre saoul. Il lui en fallait bien plus. Ca l'aidait à tenir le coup, à affronter cette morne journée.
L'oeil indifférent, il contempla les deux gaillards qui s'engueulaient. Ca le distrayait. Il n'avait même pas fait attention à l'objet de leur querelle et puis il s'en foutait.
L'anabaptiste qui lui passa sous le nez leur jeta à peine un regard.
Pourquoi l'homme retint son attention ? difficile à dire. Tandis qu'il traversait le quartier, il le suivit des yeux, calé contre un mur, les mains ancrées dans les poches de son pantalon élimé.

Je marchais encore dans le but primaire de rentrer chez moi. Je jette un dernier coup d’œil dans la ruelle avant de tourner à l'angle, et de prendre de l'avenue de la liberté. J'observe le visage de cet homme caché sous son grand chapeau, surement un juge de second plan pour être reléguer à un quartier comme celui-là... Cependant il me regarde moi, étrange.
Mes réflexions me font marquer une courte pause mais je reprend ensuite ma route. Une fois dans l'avenue je me retourne à deux reprises pour vérifier si il me suit, puis vient le temps de la réflexion. Peut être qu'il est l'homme qu'il me faut.
Je ferais bien d'aller lui demander à lui, au pire des cas, il m'enverra bouler. Je fais alors demi tour et me réengage dans la ruelle.

L'anabaptiste vaquait à ses occupations. C'est bien. Il en avait lui au moins. Après un long regard dans sa direction, il disparut au coin de la rue. Les deux gars avaient arrêté de s'engueuler et se quittaient sur quelques injures bien senties. La paix relative revint dans le quartier et Ricky eut vraiment envie d'un verre, là maintenant.
Il tira sur son mégot - une feuille de maïs remplit d'il-ne-savait-trop-quoi, un truc qu'une apocalyptique lui avait vendu en lui assurant que c'était ce qu'il se fumait de mieux dans le coin, crois moi chéri, tu seras pas déçu - et se redressa, prêt à partir en quête d'un tort boyaux quelconque qui lui tiendrait compagnie.
Alors qu'il était prêt à partir, l'anabaptiste revint sur ses pas. Tiens tiens... peut-être qu'il lui apporterait la distraction dont il aurait besoin finalement.
Il se dit qu'il ferait peut-être bien de le suivre. Discrètement. Autant que faire se peut.

Je me fait bousculer à l'angle par le colosse de tout a l'heure. J'ai l'air stupide. Il est trop tard pour reculer, de toute façon il me regarde encore.
Je marche calmement en hésitant à soutenir son regard. Il a beau être saper comme un ferrailleur c'est forcement un juge. Comment font ils pour avoir cette allure méprisante en toute circonstance? Peu importe le voilà.

-Hé vous êtes bien un juge ?

En s'approchant il remarque que le juge fume du mérif, mélange de graine de plante sauvage. Les anabaptiste l'ont inventé comme une pommade, pour éteindre le feu des brûlures de flambeau de cérémonie.
Mais les apocalyptique ce sont approprié ses vertus pour avoir quelque chose de vraiment fort à fumer.

-Non je demande parce que j'vois ces truc dans la bouche des apocalyptiques d'habitude.

Bon, tant pis. Il repassera pour la discrétion. Le type, bousculé par un péquin qui ne devait pas trouver les rues assez larges pour son ego, se retourne et se dirige vers lui.
Le voilà qu’il lui demande s’il est juge. Ok, c’est vrai que, comme juge, on fait surement mieux et surement plus propre mais quand même, on pourrait le confondre avec quoi ? un Spitalier ? Il n’a même pas un début de calvitie faut pas pousser ! Manquerait plus que ça, d’ailleurs.
Pourtant il ne s’offusque pas. Il se contente de le regarder et de se faire une idée du bonhomme à l’allure. Pas grand-chose à en tirer.
Puis l’homme lui fait remarquer que, d’habitude, ce genre de truc est fumé par les apocalyptiques. Tiens donc. Insinuerait-il qu’il soit corrompu ? D’accord, il l’est surement, mais c’est pas une raison pour lui balancer ça comme ca, gratuit, sans même avoir au moins bu un verre. Est-ce que les anabaptistes boivent des verres d’ailleurs ? Ah, si. Il en a ramassé un ou deux complètement saouls quelques fois. Des plus saouls que lui, c’est dire.
N’empêche, c’est pas une raison pour se montrer impoli.
Ricky fronce ses sourcils broussailleux au-dessus de ses yeux bruns encore vifs pour son âge. Et pour son hygiène de vie.
Il extirpe le mégot de sa bouche et y jette un rapide coup d’œil avant de reporter son attention sur le type.
- C’est possible… «ptète » bien qu’les apocalyptiques et moi on a les mêmes gouts…
Sa bouche s’étire en un large sourire avant qu’il ajoute
- Si t’en veux, j’peux te donner l’adresse. Tu vois le grand bâteau au milieu de nulle part ? Et ben c’est là.
Non il ne se fout pas de sa gueule. Une boutade tout au plus, hmm ?

Son regard pétillant me confirme son sarcasme.
Mais ça m'apprend au moins que c'est bien le genre de personne qu'il me faut. Si il connait l'épave il peut surement éviter les rondes de nuit.

-Hmm.. Je vois très bien de quoi vous parlez. Et je viens justement vous voir parce que je cherche quelqu’un qui connaisse la "vie de nuit" de Justicienne.

Ca ne suffira jamais à le faire mordre, que peut vouloir un homme comme lui ? La reconnaissance, surement pas. Le pardon, peut être...


-Ecoutez je sais que vous devez être très occupé, mais on m'a fait part d'un très grave incident dans la nurserie anabaptiste.
Un enfant a disparus pendant la nuit, je ne sais vraiment pas quoi faire il ne faut pas que ca se sache, les baptistes seraient fous de rage.

L’anabaptiste n’avait pas fait de longs discours, mais en quelques mots en avait dit bien plus que n’importe quel pamphlet d’Avocat. Et cela suffit à plonger Ricky dans le doute.
D’un côté, il était l’homme de la situation parce que sa fonction l’exigeait. Il était Juge, même par inadvertance, et était responsable de la bonne marche de cette ville qui poussait tel un furoncle sur la face juvénile du nouveau monde. Oh certes ! Elle abritait tous les espoirs de tout le monde. Des Juges d’abord, des Chroniqueurs ensuite et d’un maelstrom de paumés, d’ambitieux, d’écorchés ou de cupides. Un beau merdier, si vous vouliez son avis. Mais les faits étaient là, il devait bien mettre les mains dans le caca pour pas qu’il déborde. Il se voyait plus souvent comme un éboueur que comme un Juge d’ailleurs.
Cette histoire de bébés disparus pour bien être l’occasion de sortir un peu du bourbier et, au passage, d’en retirer un peu de gloire et de rétribution. Qui sait, il y gagnerait peut-être bien de quoi rembourser quelques dettes ? Et de quoi redorer un peu son image aussi… c’est vrai.
D’un autre côté, ces histoires de kidnapping pouvaient mal finir en un rien de temps. Il y avait bien eu cette histoire, il y a longtemps, avec un apocalyptique qui achetait des nouveaux-nés à un prix dérisoires à des mères désespérées. Il ne se souvenait plus qui lui avait raconté ça. C’était au tout début qu’il était arrivé, peu après avoir quitté Franka. Bref, ce genre de truc ca pouvait vous mener à la gloire comme à la déchéance.
Mais hey, il était Juge.

- Ok, dit-il, dubitatif, en observant la rue qui s’étalait au-delà de son interlocuteur.

Il soupira, remit sa cigarette artisanale aux coins de ses lèvres, et ajouta

- Un seul gamin ? Quel âge ? C’est le vôtre ? Il avait quelque chose de particulier ce môme ?

En même temps qu’il posait ses questions, son esprit sortit de sa torpeur et la machine à réfléchir se mit en route. L’alcool n’avait pas encore embrumé ses capacités. Cet Anabaptiste avait plutôt bien choisi son moment.

Surpris par la réactivité et la soudaine détermination de mon interlocuteur j'eu un léger froncement de sourcil en premier lieu. Puis je répondis de la façon la plus analytique que je pus.

-Ce n'est pas moi qui l'ai constaté c'est l'enfant d'une des mères anabaptiste, Elena Miran, c'est pour cela qu'elle l'a remarqué. Il avait moins de 3 mois. Elle le reconnaissait au milieux de cette immense nurserie grâce à sa tache de naissance sur le bras... gauche il me semble. je n'étais vraiment pas sur du coté mais peu importe.

-Par contre pour affirmer que c'est le seul enfant... En effet il y a tellement de bambins, Elena l'a remarqué lui car c'est son fils mais les mères ne peuvent pas faire l'appelle.

J'avais déja commencer à appréhender le problème mais à la vue de l'assurance de ce juge je ferrais peut être mieux de le laisser gérer ça à sa manière. Après tout il a surement beaucoup plus d’expérience que moi pour ce qui est de retrouver des gens.

Milles possibilités, milles motifs pour accomplir un tel forfait. Ce gars était-il juste envoyé dans les rues avec si peu d’informations ? Ou en retenait-il la plupart par manque de confiance ? Ricky se demanda si son allure n’y était pas pour quelque chose mais il se souvint que c’est l’anabaptiste qui l’avait abordé, et non l’inverse.
Le Juge grogna.

- Et c’est tout ce qu’on vous a dit ? « Il-en-manque-une-vous-êtes-sor-tout-à-fait-sor ? »

Allez retrouver un marmot de quelques mois avec si peu.

- Peut-être que le bambin n’est pas loin… s’il n’y a que lui qui a disparu, on a peut-être bien voulu faire peur à votre mère anabaptiste. Il pourrait reparaitre aussi rapidement qu’il a disparu, voyez ?

Il ne connaissait pas grand-chose à ce culte. A peine s’il savait comment il fonctionnait. La plupart du temps, il se contentait de veiller à ce que ces brebis là ne rencontrent pas de Jehamettans. Ou de loin. Très loin.

- A moins que vous ayez vous-même une petite idée sur la question ?

Une idée ? Bien sur que j'en ai une, en même temps tout le monde en parle dans le quartier. Le gros Joseph vient de déménager, et sans hériter! C'est assez rare pour susciter l’intérêt de la communauté si ce n'est plus...

-Il y a bien des choses qui se passe dans le quartier, des pieux de bas étages qui dépense plus que ce qu'ils possèdent... Ce lourdaud de garde, Joseph, il pense avec ses pieds mais il se pavane depuis 3 jours en criant à qui veut l'entendre qu'il achète une maison. Tout le monde dit qu'il a trouvé un trésor, mais il est surtout de la garde de nuit un soir sur deux. Vous me suivez ?

Bien sur qu'il le suivait n'importe qui pourrait faire le lien. *Sauf Joseph ? bizarre... *

-Mais je ne sais que faire, trop d'influence et de jeu de pouvoir s'opère dans notre dos, si vous voulez mon avis ça sent le bois mouillé tout ça.

Nous y voilà. En fait ce gars là avait déjà décortiqué le sac de noeuds mais il n'était pas enclin à tout balancer d'un coup. On ne pouvait pas lui en vouloir. Après tout vous ne saviez jamais sur qui vous tombiez, quand bien même vous aviez besoin d'aide.

- Joseph. D'accord.

Le Juge mâchouilla les quelques informations que l'anabaptiste venait de lui lâcher : des crétins... ou "un" du moins... des gens influents et des magouilles politiques. Rien de bien nouveau sous le soleil. Il avait les mêmes au tribunal. Putain d'avocats.

- Ca pue un peu votre affaire. Mais à qui profite le crime ? Si ce Joseph est un abruti, il n'est qu'un intermédiaire. Et un marmot à peine né, ca se cache pas comme ça non plus.

Ricky termina son mégot puis le jeta au sol pour l'écraser sous son talon.

- Ce serait peut-être une bonne idée d'aller lui poser quelques questions à votre Joseph, non ? Parait que j'ai du talent pour faire causer...

D'un geste ample, il invita son nouveau client à lui ouvrir la voie. Il ne connaissait pas Justicienne sur le bout des doigts, non. Enfin, pas tous les quartiers en tous cas.

Bon, heu maintenant ? Le gaillard lui ouvrait les bras pour l'inviter à passer. Soit, je l'emmènerais à Joseph. Je repars donc vers là d'ou je venais, on marche un peu entre les taudis de la zone autonome ouest.

- Donc, vous vous appelez comment ?

Le prénom du juge m'importait peu je galérais tout le temps à les retenir, mais ça faisait parti des convention de demander. En plus à marcher sous ce soleil j'en perd un peu ma pudeur. Saleté de printemps.
La conversation aurait pu continuer mais je marque une pause en m'approchant du quartier des Carrion Birds.

- Heu.. Je passe par là d'habitude mais peut être que vous préférez.. Fin, on peut faire le tour quoi.

Tout le monde sait que les juges évitent de se promener seuls dans les quartiers d'influence apocalyptiques.

Il aurait bien roulé une autre de ses curieuses cigarettes mais il savait se montrer économe quand ses finances faisaient la gueule. Et vu ce qu’il avait lâché dernièrement sur le bâteau, autant garder un peu de lest pour les jours à venir.
Il suivit donc l’anabaptiste dans les rues de Justicienne. Son cerveau était déjà accaparé par l’affaire, un divertissement finalement bienvenu. Ca lui plaisait d’avoir à réfléchir un peu. Le temps passait plus vite.
Le jeune homme le questionna et il répondit de bonne grâce.

- Richard Lavenne. Mais tout le monde m’appelle Ricky. Une sale habitude mais on s’y fait. Et vous ?

C’est vrai ça. Il avait suivi ce péquin sans même s’enquérir de son identité. Peut-être qu’il plongeait tout droit dans un piège et ca ne lui avait pas même traversé l’esprit. Mais qu’est-ce qui pouvait bien encore traverser son esprit d’ailleurs ?
Ils marquèrent le pas à l’entrée du quartier le plus exotique des apocalyptiques et Lavenne soupira.

- Barf ! J’suis pas le Juge qui les fait le plus chier. Y’en a même pour dire que je suis plutôt un bon client – mais c’est que des ragots bien sûr – et j’en connais un ou deux personnellement.

Il prit quelques secondes pour analyser ses propres justifications. Etaient-elles seulement crédibles ? Il se sentit d’ajouter :

- C’est important d’entretenir un bon réseau d’informateurs dans mon boulot !

Ca sonnait bien. Ca sonnait même rudement bien.

- Et puis le chemin le plus court est toujours le meilleur, non ?

Mais d’où il tenait ça ? C’était quoi encore cet argument à la con ? Peut-être bien qu’il le tenait d’un Ours avec qui il s’était mis une boîte après une journée fructueuse de commerce avec les Chroniqueurs. Ou alors il l’avait inventé.
Il sourit, confiant, à l’anabaptiste.

- Allons-y. Si je disparais au combat, faudra juste que vous alliez le signaler aux avocats. Ils pourront barrer mon nom sur le registre.

Oui c'est vrai qu'avec ce qu'il fume on pourrait s'y méprendre. Avec un peu de chance on va pouvoir traverser sans soucis. Je repris ma conversation en marchant à travers le quartier encombré.

-Je m'appelle Loïs, je suis à Justicienne depuis 6 mois à peine.

Les pinson nous regardent passer méfiant mais ceux qui sont un peu plus confiants nous jettent tout juste un regard. J'ai l'habitude de ce dédain mais je pensais que me balader avec un juge empirerais la situation...
Cependant en passant devant le bûcher, d'ou s'échappe une musique au rythme eifreiné, un type nous adresse même un signe de la main. Je ne le connais pas...

On arrive finalement dans la zone anabaptiste, les relents de tabac et d'alcool laissent place peu à peu à la fraîcheur du parfum des huiles. Pour moi l'ambiance reste mortuaires par rapport au souvenir que j'ai de la cité cathédrale mais je suis tout de même plus détendu, un sentiment de légèreté.

-Si je dis pas de bêtises ils doivent être de garde en ce moment les deux zigotos...

-On y arrive !

Même dans cette ville immense, la nurserie ne passe pas inaperçue. Le large bâtiment reste imposant malgré son état, de large fissures apparaissent dans les murs faits de gros galets et de ciment de piètre qualité. Le gros joseph est de dos cachant son coéquipier.
On peut entendre une bribe de conversation d'ici.

HJ: (INS) Perception pour entendre la conversation.
Tu peut faire un jet pour connaitre la nature de la rencontre dans le quartier des carillon bird.

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'D6' : 3

La traversée du quartier difficile se passe sans encombre. Richard se paye même le luxe de rendre son salut à celui qui les avait suivi du regard dès qu'ils avaient mis un pied sur son territoire. Le connaissait-il ? Peut-être. Il ne s'en souvenait pas sur le coup. Ca lui reviendrait si cela s'avérait utile. Pour l'heure en tous cas, ils arrivèrent à destination sans avoir à batailler. De bon augure.
L'odeur des huiles anabaptistes emplissait l'air comme les enscens dans les vieilles Eglises à l'époque des anciens. Richard n'y était pas franchement habitué et surement qu'il ne le serait jamais. Il réprima une grimace pour ne pas vexer son accolyte mais les parfums devenaient rapidement entêtant pour le neophyte qu'il était. Son nez pourtant tanné parvenait quand même à en percevoir les nuances et les notes les plus ennivrantes. Pour un peu, il se serait cru dans un lupanar s'il laissait dériver son imagination.
Heureusement le jeune anabaptiste poursuivit la conversation. De quoi le maintenir alerte.
Ils arrivèrent devant un grand bâtiment austère. Même s'il était construit avec les matériaux du cru, Richard devait reconnaître qu'on avait pris de la peine à le retaper et à le rendre utilisable, nonobstant les fissures et les murs de guingois. Bon nombre de gens se contentaient encore de simple taudis. Justicienne n'avait de ville que le nom en fait. Si Richar avait connu l'ancien monde, sans doute aurait-il fait une espèce de parallèle avec Bogota. Ou Brazaville. Le soleil et les mojitos en moins.
D'un regard acéré il observa le dénommé Joseph. Son nouvel ami avait omis de préciser que, tout bas de plafond qu'il était, le gaillard avait le toit haut et les murs larges.
Bon. Il faudrait peut-être oublier la subtilité pour en tirer quelque chose. Des fois, la loi du gourdin est toujours la meilleure. Enfin... du marteau en l'occurence.

Jet de dés #1 : Perception pour la conversation (2D)

Jet de dés #2 : Légendes pour reconnaître l'apocalyptique (4D)

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#1 'D6' : 2, 5

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#2 'D6' : 2, 4, 3, 3

L'apocalyptique à l'entrée du bar n'est pas inconnu à Richard il se rappelle avoir joué au Pocker contre lui il y a quelque semaines. Mais ses pensées sont pour le moment tournée vers le duo d'homme dépareillés.

"Joseph : ...encore! Mais c'est la troisième fois cette semaine qu'il..."

J'entend les deux hommes grommeler mais je n'arrive pas à cerner le sujet de conversation. Tandis que richard continu d’avancer vers les hommes je le suis tremblant. Mon pouls s'accélère. Joseph n'est pas connu pour être tendre, si mes accusations s'avèrent exacte il ne voudra pas que ça s'ébruite...

Poker.
Il ne sut pourquoi, le visage de l'homme qui l'avait salué lui remémora une vague partie de Poker. Avait-il perdu ? gagné ? il ne s'en souvenait pas. Par habitude, Richard ne cherchait plus à courir après ses souvenirs quand ils devenaient fuyant. Ceux là, et certains criminels trop costauds, il les laissait filer, se disant qu'ils reviendraient bien quand ils ne les espéreraient plus.
Joseph avait l'air en pleine conversation mais pas dans les meilleurs dispositions. Son interlocuteur avait visiblement quelques requêtes à lui soumettre - sur quel sujet ? Mystère - qui n'obtenaient pas franchement son adhésion.
Ricky fit une moue contrarié et décida de se rouler une autre cigarette en s'approchant de leur homme. Un peu de théâtralité ne nuirait pas et cacherait, au moins momentanément, leurs intentions véritables.

- Hey l'ami ! balança le Juge en direction du mastard. Juge Lavenne, honorable serviteur de Justicienne.

Richard termina son oeuvre d'un petit coup de langue sur la feuille de maïs pour faire adhérer l'amidon.

- Tu es Joseph, n'est-ce pas ? On m'a dit que tu étais la personne la mieux placée dans ce quartier si on avait des questions. Que tu savais tout ce qu'il s'y passait...

Le "On" en question était sagement planqué derrière la silhouette sèche du Juge, en soutien peu convainquant mais qui avait au moins le mérite d'être là.

Heureusement, Richard prend les devants, au moment ou il interpelle les deux hommes je peut les voir faire volte face vers nous. Joseph semble surpris mais son acolyte nous jette un regard mauvais. Pendant que le juge fini de rouler son mérif je reste en retrait. Les deux zigotos doivent se faire la même réflexion que moi quand je l'ai vu fumer la première fois. Peu importe.

On dirait qu'il a réussi à flatter Joseph qui se redresse à cette annonce et déclame tel un prince.

- Oui c'est bien moi, on peut dire en effet que dans le coin rien ne m'échappe. Je connais tout les établissements du quartier et leur fréquentations. Sur le marché par exemple il y a : Paul bien sur, Ed le tatoueur, Meumeu qui vend du cuir...

Pendant que le balourd continuais sa liste, Jeff le plus petit m'a remarqué et se penche sur le coté pour distinguer mon visage. Lorsque je m'en rend compte je sors de l'ombre du juge pour assumer autant que faire se peut ma position.

- Héé mais c'est le châtier, regarde moi çà Joseph il y a un Orgiastique parmi nous ! Et pas nimporte lequel !

Ils fait encore référence à ma mission ratée qui m'a valu mon titre... Huits mois déja on passé et cette histoire parvient encore à les rendre hilare...

Les rires forcé des deux canailles retentissent dans mon crane comme une caisse claire, je sent la rage monter en moi et mes poings se serres.

Richard écoute avec attention la longue énumération ennuyeuse dudit Joseph. A cet air sérieux et concentré qu'il affiche, personne ne pourrait croire qu'il s'en ventile le joufflu avec une pelle à fossoyeur. On est professionnel ou on ne l'est pas.
A l'intervention de l'autre péquin, Ricky tourne un instant la tête vers son acolyte. Ce dernier semble avoir trouvé assez de courage pour sortir de son ombre mais pas nécessairement pour les meilleures raisons. Voilà-t-il pas qu'il commence à s'échauffer ? Son ego a du en prendre un sacré coup derrière les esgourdes pour qu'il soit aussi sensible à des railleries aussi grossières. Richard ne connait pas grand chose aux us et coutumes anabaptistes, juste le minimum syndical pour mériter son salaire, mais il sait que ces derniers accordent une importance capitale... vitale ?... à la reconnaissance de leurs pairs. Un trait partagé avec leurs ennemis favoris, les Jehammetants.
Richard s'éclaircit la voix et tente de recapter l'attention des deux lascars pour ne pas laisser l’opportunité à Loïs de leur rentrer dans le lard.

- Paul, dis-tu ?

Il ne sait pas qui est Paul. Il ne sait pas ce qu'il vend et il s'en contrefout. Mais il a entendu le nom glisser parmi la foultitude.

- C'est à dire, ce que je cherche est un peu spécial. En fait...

Richard prit un air ennuyé, ses yeux délavés courant sur les murs des bâtiments adjacents. Il tire une latte de son mégot et souffle lentement la fumée avant de poursuivre.

- Je cherche des informations. Et c'est pour ça qu'on m'a envoyé vers toi, tu vois ? Mais peut-être qu'on s'est trompé. Peut-être que tu en sais pas autant que ça, finalement, hmm ?

Oui d'accord. La manœuvre était grossière mais face à cette mule là, la carotte devait être grosse. Y'avait plus de muscles que de neurones là-dedans.